Stagiaire en entreprise, ce n’est
vraiment pas un métier !
« Tournez stagiaires, attrapez
le pompon pour un tour gratuit dans le monde merveilleux de
l’entreprise ! »
Ça, c’était avant…
La loi du 22 juillet 2013 sur
l’enseignement supérieur et la recherche (ESR) modifie la
législation en vigueur relative aux stages étudiants. Elle vise à
mieux encadrer les stages en milieu professionnel et à renforcer les
droits des stagiaires.
De quoi parlons-nous ?
La définition légale du stage est
claire, c’est « une période temporaire de mise en situation en
milieu professionnel au cours de laquelle l’étudiant acquiert des
compétences professionnelles qui mettent en œuvre les acquis de sa
formation en vue de l’obtention d’un diplôme ou d’une
certification ».
Par « milieu professionnel », il
faut comprendre :
- les entreprises,
- les établissements publics,
- les administrations de l’Etat, les
collectivités territoriales ou hospitalières,
- le réseau associatif ou les
organismes de l’économie sociale et solidaire.
Où qu’il se déroule, le stage doit
être obligatoirement intégré à un cursus pédagogique scolaire ou
universitaire. Les modalités sont déterminées par décret.
Toutes les missions confiées au
stagiaire doivent être conformes au projet pédagogique défini par
l’établissement d’enseignement dont il dépend et doit être
approuvé par l’organisme qui l’accueille.
Ce que n’est pas un stage…
Nous avons tous en mémoire la grogne
des stagiaires qui réclamaient d’être mieux considérés en
entreprise et surtout de ne pas être exploités…
Il est donc
profitable de rappeler qu’un stage ne peut pas consister en
l’exécution d’une tâche régulière correspondant à un poste
de travail permanent. Exit la succession de stagiaires pour pourvoir
à un poste sans les coûts d’une embauche…
Un stage n’est pas une chose
indéfinissable et fourre-tout : le volume pédagogique minimal
de formation et les modalités d’encadrement du stage sont fixés
par décret. A charge de le respecter…
Un stage, c’est aussi la
formalisation d’une période, une convention tripartite entre le
stagiaire, l’organisme d’accueil et l’établissement
d’enseignement doit être signée.
D’ailleurs, la convention de stage
répond elle aussi à des obligations :
- 11 clauses définies à l’article D.612-50 du Code de l’éducation doivent y figurer !
- la définition des activités confiées au stagiaire en fonction des objectifs de formation,
- les dates de début et de fin du stage,
- la durée hebdomadaire maximale de présence du stagiaire dans l'entreprise et sa présence, le cas échéant, dans l'entreprise la nuit, le dimanche ou un jour férié,
- le montant de la gratification versée au stagiaire et les modalités de son versement,
- la liste des avantages offerts, le cas échéant, par l'entreprise au stagiaire, notamment en ce qui concerne sa restauration, son hébergement ou le remboursement des frais qu'il a engagés pour effectuer son stage,
- le régime de protection sociale dont bénéficie le stagiaire, y compris la protection en cas d'accident du travail dans le respect de l'article L. 412-8 du code de la sécurité sociale, ainsi que, le cas échéant, l'obligation faite au stagiaire de justifier d'une assurance couvrant sa responsabilité civile,
- les conditions dans lesquelles les responsables du stage, l'un représentant l'établissement, l'autre l'entreprise, assurent l'encadrement du stagiaire,
- les conditions de délivrance d'une « attestation de stage » et, le cas échéant, les modalités de validation du stage pour l'obtention du diplôme préparé,
- les modalités de suspension et de résiliation du stage,
- les conditions dans lesquelles le stagiaire est autorisé à s'absenter, notamment dans le cadre d'obligations attestées par l'établissement d'enseignement,
- les clauses du règlement intérieur de l'entreprise applicables au stagiaire, lorsqu'il existe.
Pour protéger le stagiaire, la loi
stipule qu’il ne peut effectuer dans la même entreprise un ou
plusieurs stages dont la durée excède 6 mois par année
d’enseignement, sauf dérogations.
Une dérogation ne peut être accordée
que pour les formations listées par décret compte tenu de la
préparation à des métiers dont les spécificités nécessitent une
durée de pratique supérieure.
La tentation pouvant être grande pour
certaines entreprises d’utiliser plusieurs stagiaires sur un même
poste, un délai de carence obligatoire égal au tiers de la durée
du stage précédent (sauf rupture anticipée avant le terme
imputable au stagiaire) est à respecter.
Un statut renforcé pour le
stagiaire
Une gratification est versée pour les
stages d’une durée :
- supérieure à 2 mois consécutifs,
- supérieure à 2 mois consécutifs ou
non au cours d’une même année scolaire ou universitaire.
Son montant est fixé par convention de
branche ou par accord professionnel étendu ou, à défaut, par
décret.
Si le stage dure plus de 2 mois
consécutifs, le stagiaire doit percevoir une rémunération au moins
égale à 12,5 % du plafond horaire de la Sécurité sociale par
heure de travail effectuée.
Il s’agit d’une limite pour que la
gratification demeure exonérée de charges pour l'entreprise
accueillante.
La durée des stages supérieurs à 2
mois est prise en compte pour le calcul des droits liés à
l’ancienneté.
Le stagiaire bénéficie de la
protection contre le harcèlement moral ou sexuel au même titre que
les salariés de l’entreprise.
Il a la possibilité d’accéder aux
activités sociales et culturelles dans les mêmes conditions que les
salariés.
Si le stagiaire se voit proposer une
embauche dans l’entreprise, dans les 3 mois suivant la fin de son
stage, l’employeur doit prendre en compte la durée du stage.
Concrètement, il doit imputer la
totalité de la durée du stage sur la durée de la période d’essai.
Bien entendu, cette disposition n’est valable que dans le cas où
le stagiaire est embauché sur un emploi correspondant aux activités
effectuées pendant son stage…
Dans les autres cas, il y a imputation
de la durée du stage sur la durée de la période d’essai et ce,
sans pouvoir la réduire de plus de la moitié.
L’organisme d’accueil a de
nouvelles obligations…
Il doit tenir à jour un registre de
conventions de stage. Celui est indépendant du registre unique du
personnel.
Il doit obligatoirement informer le
Comité d’Entreprise sur le nombre de stagiaires présents et sur
les conditions de leur accueil. Cette information est trimestrielle
dans les entreprises d’au moins 300 salariés et annuelle dans les
entreprises de moins de 300 salariés.
Le stagiaire aussi…
A la fin de son stage, le stagiaire
est tenu de transmettre à son établissement d’enseignement un
document dans lequel il évalue la qualité de l’accueil de
l’organisme où il a effectué son stage.
Les mauvais élèves seront décelés,
qu’on se le dise !
Par Sandrine VIRBELRetrouvez Sandrine Virbel sur son blog : Le calepin RH de Sandrine.
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